About the Book
André Gill, pseudonyme de Louis-Alexandre Gosset de Guines, né à Paris le 17 octobre 1840 et mort à l'asile de Charenton à Saint-Maurice, le 1er mai 1885, est un caricaturiste, artiste peintre et chansonnier français. Biographie Il est le fils naturel du comte de Guines et de Silvie-Adelinne Gosset, couturière née le 7 juillet 1818 à Landouzy-la-Ville en Thiérache dans l'Aisne. Sous le Second Empire, il publie ses premiers dessins en 1859 dans le Journal amusant puis le Hanneton. Ses dessins paraissent dans le journal La Rue de son ami Jules Vallès, ainsi que dans des journaux satiriques comme Le Charivari, La Lune (1866), L'Éclipse (1868). Il publie aussi dans des revues dont il est le fondateur comme Gill-Revue (1868), La Parodie (1869-1870), La Lune Rousse (1876), Les Hommes d'aujourd'hui (1878), La Petite Lune (1878-1879) et l'Esclave ivre (1881). L'Assommoir de Zola - éditions Marpon et Flammarion s.d. Il ne s'engagea que du bout des lèvres dans la Commune de Paris en 1871, acceptant tout de même de participer à la Fédération des artistes de Courbet et la responsabilité d'administrateur du Musée du Luxembourg. Il fait partie du cercle des poètes Zutiques en compagnie de son ami et disciple Émile Cohl qui organisa une souscription lors de son internement à l'Asile de Charenton en 1883. Certaines de ses caricatures d'hommes de son temps sont restées célèbres: Léon Gambetta, Victor Hugo, Richard Wagner, Alexandre Dumas père, Georges Bizet, Charles Dickens, Jules Verne, Adolphe Thiers. Également chansonnier à Montmartre, il fréquente le Cabaret des Assassins (qui devait son nom à un tableau relatif aux crimes de Troppmann), qui deviendra célèbre sous le nom Lapin Agile, dont il peint en 1875 en guise d'enseigne un lapin bondissant d'une casserole en cuivre. Par jeu de mots, le lapin à Gill devint le Lapin Agile . L'original de l'enseigne est conservé au musée de Montmartre. Pour les dix ans de sa mort, un banquet est organisé à Montmartre et Auguste Roedel en fait l'affiche. Sa sépulture se trouve au cimetière du Père-Lachaise sous un buste de Laure Coutan. Extrait: PRÉFACE Vingt ans de Paris! Quelle rumeur dans ces quatre mots, quelle houle remuante et grondante d'hommes, de livres, d'aventures et d'idées, que d'amis perdus, de joies sombrées, d'engloutissements sans nom, effacés par le temps qui monte; et comme il faut qu'il ait la vie dure le souvenir qui tient debout sur ce cimetière d'épaves! André Gill est pour moi un de ces souvenirs. Je l'ai rencontré au bon moment, à l'heure fraîche des amitiés de jeunesse, quand la terre encore molle s'ouvre à toute semence, pour des moissons de tendresse et d'admiration. J'avais vingt-trois ans, lui guère davantage. J'étais campagnard à l'époque, campagnard de banlieue, hirsute, velu, chevelu, botté comme un tzigane, coiffé comme un tyrolien, logeant entre Clamart et Meudon, à la porte du bois. Nous vivions là quatre ou cinq dans des payotes, Charles Bataille, Jean Duboys, Paul Arène, qui encore? On s'était réunis pour travailler, et l'on travaillait surtout à courir les routes forestières, cherchant des rimes fraîches et des champignons à gros pieds. Entre temps une bordée sur Paris, toute la bande. Chaque fois la nuit nous surprenait, après l'heure des trains et des carrioles, attardés aux lumières des terrasses avant de nous lancer, bras dessus bras dessous et chantant des airs de Provence, dans le noir des mauvais chemins. On faisait tous les cafés de poètes; et le pèlerinage finissait régulièrement au petit estaminet de Bobino, lequel était alors l'arche d'alliance de tout ce qui rimait, peignait, cabotinait au quartier Latin. C'est à Bobino que j'ai fait la connaissance d'André Gill.